Petite saute d’humeur aujourd’hui. Vous m’excuserez de prendre cette plateforme, et surtout de votre précieux temps, pour me soulager le coeur. Arrêtez ici si vous voulez, mais si vous gagnez votre vie comme consultant indépendant comme moi, peut-être trouverez-vous votre compte dans les lignes qui suivent.
J’ai été approché ce matin par une entreprise qui organise des journeés thématiques en marketing pour donner une conférence en octobre sur le Web analytique. J’y ai déjà données de bonnes prestations par le passé, mais cette fois-ci, j’ai dit “non merci”.
Voyez-vous, ce genre de conférence demande beaucoup de préparation. La dernière m’a demandé 60 heures de travail, en plus de centaines de dollars en droits de photos. Ajoutez à cela qu’il faut donner un bon “show” de 45 minutes devant plus de 300 personnes ! C’est très difficile de ne pas être ennuyeux, je vous jure. Lorsque les participants ont appris quelque chose tout en étant bien divertis, l’organisateur a le sourire large comme ça. Le problème, c’est que cet organisateur, à l’image de beaucoup d’autres, ne paie rien. Pourquoi? À cause de ce principe jamais explicite que faire de telles prestations est bon pour trouver de nouveaux clients.
Je vous le dit; cela fonctionne rarement.
Cette situation est très commune au Québec où les experts d’ici participent volontiers à des événements sans recevoir un sou, alors que l’Américain ou l’Européen de service reçoit souvent des dizaines de milliers de dollars pour répéter une présentation d’une heure qu’il traine partout.
Je comprends très bien le star system dans le domaine de la consultation et sa chaîne alimentaire. Mais il me semble que cela serait normal de recevoir un cachet décent pour produire un show avec lequel l’organisateur fait de bons revenus, n’est-ce pas ? Quelle sorte de business vend des produits sans payer ses matières premières ??
Je n’ai rien contre faire des présentations gratuites dans certains contextes; j’en ai fait et en fait encore. Mais quand on peut estimer les recettes d’un événement à plus de 125 000$ et que nous les p’tits Québécois ne recevont que la chance de se montrer, il y a quelque chose qui ne marche pas. Quel est donc le mot ? Exploitation, j’imagine.
Mais je sais que ce n’est pas seulement ici. Je vois régulièrement la même chose aux États-Unis, et un organisateur parisien m’a récemment dit que parler à son salon coûtait 2 000 Euros !!! Là, c’est vraiment pousser cette logique à son comble !
Bon, j’arrête ici. Je crois qu’il fallait que cela soit dit un jour.
Je vous aime bien chers “clients potentiels”, mais j’en ai marre de travailler juste pour vos beaux yeux.
Je suis indépendant aussi, mais j’ai donné peu de conférences. Du côté d’un organisateur de conférence, on tente de garder les frais d’inscription le plus bas possible pour faciliter l’inscription. Plus il est élevé, moins les places trouvent preneur rapidement. On peut toujours annuler quand l’événement ne fait pas ses frais, mais ça parait mal. Personnellement je crois que des conférences de qualité ont de la valeur et je paie volontiers quand le sujet m’intéresse.
Complètement d’accord Jacques… Malheuresement le jeu est tronqué. Tant que les personnes qui apportent réellement à la chaine de valeur ne seront pas réellement reconnu comme tel, non pas uniquement par leurs pairs mais par le secteur, des situations aberrantes comme celle ci resteront monnaie courante…
@Nicolas
Oui, moi aussi je paie volontiers pour de tels événements. J’ai déjà passé 6 jours en conférence à Chicago; tu imagines l’inscription (3,000$ US), l’avion, l’hôtel et le manque à gagner. J’ai déjà aussi donné des présentations gratuitement qui m’ont pris beaucoup de temps, mais c’était dans un contexte d’organisme à but non lucratif, et oui, je me disais que cela pourrait m’amener de la business.
Le truc, c’est que cela en amène presque jamais, alors si l’événement est à but lucratif, que je suis ce que l’organisateur vend, car pas de présentateur pas de show à vendre, alors je ne vois pas pourquoi je ne recevrais pas un cachet.
@Alilou
Bon point. Évidemment, il y a les célébrités et le menu frotin. Ce n’est pas moi qui ferait vendre des billets, c’est certain. Mais si je suis un des 4 présentateurs qui remplissent la journée de contenu, je ne vois pas pourquoi seule la vedette devrait se faire payer. Je parle d’un cachet ici, même un de principe, pas cette supposition tacite que « c’est bon pour toi de te montrer ».
Bien d’accord avec toi. Préparer une présentation représente au moins 50 à 60 heures de travail, sans compter le stock photo comme tu le mentionnes + la journée de la présentation qui y passe.
Parfois, j’aimerais m’appeler Mike Smith et être américain. Aucun organisateur de conférence (ou presque) ne s’objecterait à un cachet de 5000 $ à 10000 $ pour une présentation d’une heure… et je suis conservateur. Et que dire du taux horaire en consultation! J’ai déjà travaillé chez un client qui payait allègrement 3500 $ US par jour pour un consultant de Boston. Après l’intervention plus qu’ordinaire de ce consultant, j’ai offert au client de faire la même job pour moitié prix et en français en bonus… ça n’a pas marché… je ne m’appelais pas Mike Smith et je ne travaillais pas pour une grosse compagnie américaine de l’informatique qui jadis manufacturait des machines à écrire.
Enfin … On n’est définitivement pas souvent prophète en son pays!
Merci de ton commentaire Daniel.
Le Québec est un marché de misère…
Je suis exactement dans la même situation que toi, et en plus, je sais de qui tu parles et nous avons même été conférencier pour cet événement par le passé. Je suis d’accord que le ROI est plutôt difficile à démontrer. Sans même inclure le temps de préparation, on peut compter facilement 1/2 à 1 journée de temps facturable perdu.
Je rêve aussi du jour où je vais pouvoir facturer 10k$ pour une heure de présentation réchauffé au cours des 10 dernières conférences…
Mais en attendant, je pense qu’il serait au moins raissonable qu’une conférence à but lucratif couvre les frais et le taux horraire pour la durée de la présentation!
Stéphane
Salut Stéphane,
Un minimum quoi. Les conférenciers sont tout de même ce que ces organisateurs vendent !! Enlève-nous et leurs participants regarderaient une scène vide !
Par contre, et cela vaut pour la majorité des conférences à travers le monde, ces entreprises savent qu’elles ont un pool de gens qui seront toujours prêts à se prêter à ce jeu pour se faire connaître, pensant que cela leur apportera quelque chose. Je comprends ces compagnies; la ressource est pratiquement intarissable….
de
Bonjour,
Et pourquoi toi et les consultants qui ont répondu à ce post vous ne passez pas de l’autre côté de la barrière?
Une location d’une salle+ amiando.com (gestion de billeterie)+annonce sur Twitter, Facebook et Linked in+ un peu d’adwords ciblés ça devrait faire l’affaire.
N’est ce pas?
Salut Salah !
Ah ben ! Pas bête du tout comme idée ! Je la retiens.
Bonjour,
Je comprends votre énervement. Sans avoir été jusque là invité à faire des présentations, j’ai été sollicité dans des situations comparables : interviews (le journal se vend !) ou conseils gratuits (entre deux plats au déjeuner que je paye).
Et, notamment dans le cas de conseils gratuits, j’en viens de plus en plus à hésiter avant de répondre : après tout, une expertise devrait se vendre. Pour l’instant je réponds toujours en me disant que cela peut attirer l’attention…
Dans le cas des conférences que vous évoquez, s’il n’y a pas de ‘cachet’ et que les participants ne vous contactent finalement pas, l’organisateur ne pourrait-il pas au moins mettre à votre disposition son carnet d’adresses, au minimum avec les inscrits du jour ??
Laurent
Bonjour Laurent
Les interviews et les rencontres informelles où l’on « donne » son expertise appartiennent plutôt au quotidien du consultant. Cela fait partie des coûts de faire du business. Les conférences par contre, surtout organisées dans un but lucratif, demandent beaucoup de préparation, de déplacements, etc. Je n’ai pas de problème à le faire gratuitement dans certains contextes, en me faisant croire que cela sera bon pour moi d’une certaine façon, mais lorsque l’organisateur s’en met plein les poches, j’aimerais bien qu’il paie sa matière première!
Je suis d’avis qu’au minimum, l’organisateur devrait partager sa liste d’inscrits, histoire que nous battions le fer pendant qu’il est encore chaud.